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Autopsie d’une autopsie

18 août 2017 | Brite Pauchet

Dans CSI: l'expérience, les enquêteurs qui souhaitent résoudre les crimes doivent passer par la salle d'autopsie. Lumière sur un examen médico-légal aussi macabre que nécessaire.

D’abord, il faut un corps, celui d’une personne, décédée de mort violente ou de mort suspecte. Ensuite, il faut des yeux, pour observer les alentours du corps, sur le lieu de sa découverte, à la recherche des traces et des indices qui s’y cachent. Puis il faut des mains, pour transporter ce corps en un lieu froid et blanc, où d’autres mains et d’autres yeux l’observeront sous toutes les coutures.

Examen externe

Les pathologistes judiciaires commencent par regarder l’extérieur du corps. La tête a-t-elle une coloration bleue comme si elle avait manqué d’oxygène ? Le dessous des ongles est-il propre, peut-on y trouver des traces de l’agresseur ? Y a-t-il des traces de lutte sur les bras et les mains ? La personne porte-t-elle des traces de coups, comme des bleus ou des plaies ?

L’aspect du corps peut en effet donner de nombreux indices sur ce qui s’est passé avant le décès. Dus à l’éclatement d’un vaisseau sanguin sous la peau quand on se cogne, les bleus — ou ecchymoses, leur nom scientifique — disparaissent en quelques semaines. Ce faisant, elles changent de couleur. C’est dû à la dégradation progressive de l’hémoglobine qui les compose. De bleu à rouge le premier jour, elles deviennent rapidement très foncées. Après 4 jours, elles sont verdâtres. Ensuite, elles s’éclaircissent en un jaune très tendance avant de disparaitre 2 à 3 semaines plus tard. Bien sûr, ce phénomène s’arrête avec la mort. Il est donc possible de déterminer, à partir d’un cadavre, à quand remonte le coup reçu.

Les coups peuvent causer des fractures. Il peut donc être utile d’effectuer une radiographie du cadavre. Celle-ci permet de déceler si la personne a été maltraitée dans les mois et les années précédant son décès. Comme la peau, le squelette se répare quand on le blesse. Il garde certaines cicatrices, qui peuvent s’avérer d’importants indices lors une enquête. Aussi, lorsqu’on ne connait pas l’identité de la personne, la radiographie montre à coup sûr la présence d’un stimulateur cardiaque ou de fausses dents.

Dissection

Crédit: Wikicommons

 

Examen interne

Ensuite vient le temps d’ouvrir le corps. On meurt après trois minutes quand on arrête de respirer. Il faut donc vérifier que rien n’obstrue le passage de l’air dans les poumons. Pour cela, les pathologistes vont chercher l’intérieur de la bouche, là où les voies de l’air et des aliments se croisent, par en dessous de la gorge. Cela leur donne accès aux petits os du larynx (la pomme d’Adam), dont l’os hyoïde, qui est souvent fracturé lorsqu’on meurt étranglé.

Pour regarder l’intérieur du corps, les pathologistes découpent la peau, du cou au bassin, et exposent les muscles sous-jacents. Ils les dissèquent délicatement jusqu’à atteindre les organes internes. À nouveau, l’œil est leur meilleur outil. Ils regardent d’abord les organes en place, pour s’assurer qu’ils sont bien dans leur position normale. Ensuite vient de temps de les retirer du corps, pour les examiner un à un, les peser et les disséquer. À ce stade, les pathologistes peuvent en prélever un morceau pour qu’il soit analysé plus finement, au microscope par exemple. Il est aussi possible d’envoyer des échantillons en toxicologie, afin d’identifier des produits toxiques, comme les poisons, l’alcool ou les drogues.

Les pathologistes ôtent aussi la peau de la tête, pour avoir accès directement aux os du crâne et y repérer des fractures. Ils récoltent le cerveau afin de procéder à différentes analyses.

Enfin, à l’aide d’un scalpel, ils incisent le dos, les bras et les cuisses du cadavre. Cet acte permet de voir s’il y a des poches de sang sous la peau et dans les muscles, qui n’auraient pas été vues lors de l’examen externe.

Si le sujet vous intéresse, sachez que la chaîne HBO a produit des émissions sur le sujet dans le cadre de la série HBO's America Undercover.

CSI: l'expérience est à l'affiche au Centre des sciences jusqu'au 4 septembre. 

Brite Pauchet
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