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Douglas Cardinal, l’architecte qui construit des rêves

13 octobre 2017 | Brite Pauchet

D’origine Anishinabe, Métis et Pied-Noir, Douglas Cardinal a conçu, entre autres, le Musée canadien de l’histoire Gatineau, le National Museum of the American Indian à Washington et des immeubles de service public pour le gouvernement de l’Alberta. Du haut de ses 84 ans, il pose un regard sur sa pratique et se questionne sur l’avenir des Autochtones et de l’humanité entière.

Musée Gatineau
Musée canadien de l'histoire (anciennement Musée des civilisations), Gatineau

 

Construire les rêves

Dans tous ses projets, Douglas Cardinal est à l’écoute de ceux qui l’approchent. Par son art, il semble mettre en briques et en courbes les rêves et les aspirations profondes de ses clients. « Pour moi, les personnes les plus importantes sont les familles, les femmes et les hommes qui vont utiliser le bâtiment au jour le jour. Ce sont eux que je mets en premier dans mes réflexions : je travaille pour eux, pas pour moi ! » Ainsi il s’interroge sur le type d’environnement et d’espace dont ces personnes devraient bénéficier et s’attelle à rendre leur vision réelle. On perçoit très bien cette attention toute particulière dans la conception de l’hôpital Meno Ya Win de Sioux Lookout dans le nord de l’Ontario ou dans le Centre pour étudiants Centre pour étudiants Gordon Oakes Redbear de l’Université de la Saskatchewan à Saskatoon.  

Gordon Oakes Redbear
Centre pour étudiants Gordon Oakes Redbear, Université de la Saskatchewan, Saskatoon

Être un avec la nature

Malgré sa longue carrière internationale, il ne peut oublier le traitement subi par les Autochtones du pays (enlèvements d’enfants, pensionnats, etc., etc.). Il est aussi inquiet pour le futur des Premières Nations, mais pas seulement. Pour lui, nous sommes tous des êtres humains, avec les mêmes besoins. « Notre peuple planifie avec en tête les conséquences pour sept générations à venir, pas seulement pour celle qui vit aujourd’hui. Il faut prendre soin des enfants et des petits-enfants, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain. Le monde d’aujourd’hui, avec ses rivières polluées, son air impur et le réchauffement climatique, ça n’a pas de sens. » Il serait grand temps que la société change en profondeur.

C’est  pourquoi, au-delà des techniques d’architecture et d’ingénierie — il a été parmi les premiers à utiliser la conception assistée par ordinateur au Canada —, Douglas Cardinal intègre des éléments fondamentaux propres aux cultures autochtones dans toutes ses œuvres. En effet, sa vision de l’architecture puise dans ses profondes racines de respect, d’empathie et de bienveillance. Son inspiration naît de son amour pour la nature et de la conviction qu’il en fait intimement partie. « Pour nous, les peuples autochtones, il n’y a pas de différence entre nous et un arbre, un oiseau ou un poisson. Nous ne formons qu’un. Le même esprit de vie nous anime. Tout est sacré, tout est nature. » Prendre soin de l’environnement, c’est aussi prendre soin de soi-même et des personnes qui nous entourent.

Tout au long de sa carrière, il a donc mis en pratique ces savoirs traditionnels acquis de longue date. Il écoute toujours ce que disent les Ainés des lieux qu’il investit. « Les Ainés m’ont beaucoup appris. Ils transmettent depuis des milliers d’années l’histoire de cette terre, avec ses rythmes, sa beauté et sa générosité. »

Portrait de Douglas Cardinal par Yousuf Karsh
Photo: Yousuf Karsh

Douglas Cardinal est l’un des porteurs de savoir présentés dans l’exposition Génie autochtone : des inventions toujours actuelles, à l'affiche au Centre des sciences de Montréal jusqu'au 25 mars 2018.

Brite Pauchet
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