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Du gymnase au laboratoire

6 février 2019 | Laurie Noreau

Dans le cadre de l'événement Les Audacieuses - présenté par l'UQAM, qui se déroulera le dimanche 10 février au Centre des sciences, nous continuons la publication de portraits de femmes inspirantes en sciences et technologies.

Dorothy Barthélemy l’avoue d’emblée : son parcours est plutôt atypique. La jeune sportive qui souhaitait ouvrir sa propre clinique de physiothérapie a bifurqué en vivant un véritable coup de foudre avec la recherche scientifique : « Je me suis fait prendre au jeu avec toutes les possibilités qui se sont ouvertes à moi », reconnait celle qui est maintenant professeure en réadaptation.

Elle vouait déjà une admiration sans bornes pour le corps humain et ses mécanismes : « J’étais fascinée par les prouesses sportives. Comment en arrivait-on à des performances aussi incroyables ? » Il faut dire que Dorothy Barthélemy est elle-même une ancienne athlète. Membre de l’équipe de handball pendant son secondaire, les compétitions l’ont amenée aux quatre coins du Québec. La pratique de son sport a aussi entraîné son lot de blessures. « J’ai côtoyé beaucoup de physiothérapeutes. Après avoir été la patiente, j’ai voulu échanger les rôles et exercer cette profession », explique-t-elle. Mais sa soif de comprendre et de repousser les connaissances l’ont entrainée à poursuivre ses études.

Dorothy Barthélemy

Dorothy Barthélemy
 

Pendant sa maitrise en neurosciences, elle rencontre la professeure de biologie Thérèse Cabana, qui l’initie au monde de la recherche. « Ça a été une influence extrêmement marquante pour moi », confie Mme Barthélemy. « C’est une femme qui a réussi à faire sa place. Elle avait des exigences élevées, mais elle m’a appris une méthode de travail qui m’a permis de me démarquer. Je lui demande encore des conseils », souligne-t-elle.

La passion l’a ensuite guidée à chaque étape de sa carrière, l’amenant au Danemark, puis en France pour parfaire sa formation. « Suivre ses champs d’intérêt, c’est le plus important. Quand quelque chose nous passionne vraiment, ça fait vibrer une corde en nous. On ne peut pas expliquer pourquoi, mais on dirait que le temps n’existe plus. On peut y travailler sans compter les heures ».

À ce chapitre, l’astronaute américaine Mae Jemison a fait rêver la chercheuse en étant la première femme afro-américaine à aller dans l’espace. « C’est vraiment un modèle pour moi. Malgré les embûches, elle a réalisé ce qu’elle avait envie de faire », note-t-elle.

 

Mae

Mae Jemison - Crédit photo: NASA
 

Paver sa propre voie

Avec son doctorat en neurosciences en poche, la professeure décide de se joindre au département de réadaptation de l’Université de Montréal. Ses expériences en clinique et en laboratoire font d’elle une chercheuse unique en son genre puisqu’elle crée un pont entre la recherche scientifique et l’impact de ces études sur la vie des patients.

Elle s’intéresse de près à la marche, une action savamment orchestrée par notre cerveau, mais qui est pourtant encore mal comprise par les scientifiques. Mettre un pied devant l’autre peut sembler banal pour les personnes en bonne santé, mais cela devient impossible quand la communication est rompue entre le cerveau et le corps.
 

Pixabay/40799

Crédit photo: Pixabay/40799
 

Des sportifs aux patients ayant subi des lésions de la moelle épinière, Dorothy Barthélemy décortique leurs moindres mouvements pour comprendre comment le cerveau peut créer un équilibre hors pair chez les uns et entraîner des chutes chez les autres. « J’observe de quelles façons les différentes parties du cerveau interagissent chez les athlètes ou comment elles sont atteintes chez les personnes malades. Est-ce qu’on pourrait réorganiser le cerveau pour améliorer leurs habiletés ? », se questionne-t-elle. « J’aime penser que je pourrais faire une différence dans la vie de ces patients. Pour eux, ça changerait complètement leur vie de pouvoir se lever seul en se réveillant le matin ».

Laurie Noreau
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Laurie Noreau est journaliste scientifique indépendante. Elle collabore avec différents magazines et journaux québécois dont Québec Science, Le Devoir et La Presse. Diplômée en communication – profil journalisme à l’Université Laval en 2015, elle a commencé sa carrière au quotidien Le Nouvelliste à Trois-Rivières. Lauréate de la bourse Fernand-Seguin en 2016, elle se consacre désormais à rendre la science accessible au plus grand nombre.