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Eve Langelier: en mission pour faire tomber les barrières

9 février 2018 | Marion Spee

Dans le cadre de l'événement Science au féminin qui se déroulera le dimanche 11 février, le Centre des sciences publie des portraits de femmes inspirantes en science et technologie.

Quand elle était petite, Eve Langelier aimait la science et le dessin. Elle savait qu’elle irait à l’université, mais n’avait aucune idée du métier qu’elle souhaitait faire ensuite. « Mon père pilotait des petits avions pour le plaisir quand j’étais adolescente, et j’aimais beaucoup ce monde là. Alors j’ai voulu en concevoir… C’est pour ça que je me suis inscrite au programme de génie mécanique à l’université », se souvient-elle.

Aujourd’hui, elle est professeure agrégée en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke, mais ce ne sont pas les avions qu’elle étudie et élabore. Elle a doucement bifurqué vers la « biomécanique », un domaine qui s’intéresse aux propriétés mécaniques des êtres vivants. Plus précisément, elle se concentre sur les tissus conjonctifs, ceux qui supportent les charges dans notre corps. Elle veut comprendre pourquoi on se blesse aux tendons, comment on fait pour éviter ça et comment guérir plus rapidement quand ils sont endommagés. « Quand je raconte ce que je fais dans les écoles et que les étudiants comprennent de quoi il s’agit, ils disent « wow c’est l’fun! » », raconte avec enthousiasme la spécialiste.

Convaincre les filles – et leur entourage 

Avec sa deuxième casquette, celle de titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie, Eve Langelier a souvent l’occasion d’aller rencontrer les plus jeunes. En plus de partager sa passion, son rôle c’est de participer à convaincre les jeunes filles que les carrières en science et en génie ne sont pas réservées qu’aux hommes, que ce sont des domaines épanouissants dans lesquels elles ont leur place. C’est aussi de détruire le mythe encore trop souvent dans les esprits selon lequel un scientifique ou un ingénieur est un homme aux cheveux blancs avec un sarrau et des lunettes… Il faut que ça change.

 « Pour que les filles aient confiance en leurs capacités, il faut les sensibiliser elles, mais aussi leur entourage – professeurs, collègues, chefs d’entreprises », assure la professeure. Il est important que la société toute entière se rendent compte que les femmes scientifiques et ingénieures sont un atout, qu’elles apportent une diversité, de nouveaux points de vue, etc.

Si l’objectif n’est pas d’amener toutes les filles en science ou en génie, il est de faire tomber les barrières, une à la fois : faire connaitre les différentes spécialités, mettre en avant la portée sociale de ce genre de carrière, pointer du doigt les modèles féminins qui ont participé à rendre les choses moins ardues aujourd’hui qu’elles ne l’étaient hier, etc.

Pour l’instant au Canada, les femmes sont encore largement sous-représentées au sein de la profession d’ingénieur: à peine 13% – même si ce chiffre est en constante augmentation depuis une décennie. Le génie mécanique, en particulier, est parmi les moins bien lotis. Selon Eve Langelier, une des explications vient tout simplement du nom… qui renvoi à la mécanique automobile. Pourtant, ce qu’elle fait tous les jours n’a rien à voir avec les moteurs, les bougies d’allumage ou autres joints de culasse. !

« Il faut aussi s’attaquer au problème du « tuyau percé »: ces femmes qui suivent des études en science ou génie (elles sont de plus en plus nombreuses sur les bancs d’écoles), mais qui quittent l’industrie ensuite », convient la titulaire de la Chaire.

Allez les filles, qui veut être la prochaine Marie Curie? Ou la prochaine Elon Musk au féminin ?

Marion Spee
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Spécialiste des manchots dans une autre vie, Marion est aujourd'hui journaliste scientifique. Elle travaille notamment avec Curium, Science & vie, Québec Science, Le Monde. Recherchiste pour des émissions de télévisions (Electrons Libres), elle tient aussi une chronique d'actualité des sciences dans l'émission l'oeuf ou la poule, sur choq.ca (la radio web de l'UQAM).