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Alors vous souhaitez faire carrière en science judiciaire ?

16 avril 2017 | Marion Spee

Métro, boulot, dodo. Métro, boulot, dodo… Vous êtes tanné de la routine et n’avez qu’une hâte, c’est de rentrer à la maison pour regarder un épisode de CSI ?

Et si vous aussi vous faisiez partie de celles et ceux qui font parler la scène de crime et les pièces à convictions qui s’y cachent ?

Au Québec, les policiers, les coroners et les tribunaux peuvent compter sur des scientifiques de talent pour les aider à répondre à la question fatidique : qui est le coupable ? Disons qu’ils sont les Sherlock Holmes des temps modernes. Ils observent, récoltent, analysent, testent, comparent, se questionnent, tissent une histoire racontant ce qu’il s’est passé, pour enfin y mettre un point final.

Travailler en science judiciaire, ça n’est pas une simple job pour gagner sa vie et mettre du pain sur la table. C’est exigeant et intense… mais au combien fascinant, diversifié et gratifiant ! Un travail où chaque jour est unique et aucun ne ressemble au précédent. C’est aussi et surtout une affaire d’équipe, qui peut prendre des semaines, des mois et parfois des années.

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Photo: Thierry Marcoux © LSJML 

Il y en a pour tous les goûts ! Si vous hésitez, voilà quelques pistes.

Si vous n’êtes pas réticents à l’odeur de putréfaction de la chair humaine, alors la médecine légale peut être une option. Le pathologiste pratique des autopsies pour préciser l’origine et les circonstances de la mort. Par exemple, il peut dire si la victime est morte avant ou après s’être retrouvée dans la piscine, ou encore laquelle des nombreuses balles retrouvées dans son corps est celle qui l’a tuée.

Si votre dada c’est plutôt de faire parler des preuves retrouvées sur le lieu du crime, alors la chimie, la biologie ou la toxicologue judiciaire peuvent vous intéresser. Au programme, analyses comparatives de la peinture, du verre, du caoutchouc ou encore des fibres textiles laissées sur la scène. Mais aussi analyses de sang, de sperme, de salive, de cheveux… pour y trouver des traces de poison, de drogues, d’alcool, ou pour y détecter de l’ADN et établir le profil génétique de celui ou celle qui a laissé sa trace. C’est quand ce fameux profil a été comparé avec succès à une banque de données génétiques qu’on peut entendre « j’ai un match!! » dans les laboratoires d’analyses ! Ces faiseurs de miracles peuvent aujourd’hui s’attaquer à des traces de l’ordre du milliardième de gramme, et confronter quelqu’un avec une marque laissée sur un mégot de cigarette.

Il y aussi les biologistes spécialistes en taches et projections de sang. Ceux-là même qui reconstituent une partie du crime en mesurant la longueur et la largeur des gouttes… des indicateurs du nombre de coup portés et de l’emplacement de la victime par rapport à son agresseur. Ou quand l’expression « faire parler les preuves » prend tout son sens.

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Photo: Thierry Marcoux © LSJML 

Vous pouvez aussi opter pour un poste de spécialiste en documents. Oui oui ça existe. Leur job, c’est d’examiner des documents litigieux et d’établir leur authenticité. Deux encres noires qui apparaissent identiques pour notre œil, sur un chèque par exemple, ne le sont pas forcément ! Leurs compositions chimiques peuvent par exemple le confirmer. Chaque personne possède une écriture qui lui est propre, alors pour un œil expert, le fraudeur se repère.

Si ce sont les armes et les balles qu’elles laissent que vous voulez faire parler, alors il vous faut devenir expert en balistique. Les fusils, les pistolets ou les révolvers laissent de minuscules sillons gravés sur le projectile et sa douille : une empreinte unique qui permet de les identifier. Même si elles ont été utilisées à l’est ou à l’ouest du pays! A l’agenda de ces experts : salle de tirs, examen au microscope, comparaison, témoignages devant la cour, etc.

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Photo: Thierry Marcoux © LSJML 

Pour ceux qui hésitent entre les sciences et les arts, sachez qu’il existe des artistes judiciaires. Une discipline qui exige le doigté de l’artiste et les connaissances d’un anatomiste. Il s’agit par exemple de redonner un visage à une dépouille, parfois retrouvée dans un état de décomposition avancée.

Difficile de faire un choix ? Et pourtant, ce n‘est pas tout, on compte aussi dans les rangs des spécialistes en incendies et en explosion, qui décèlent les traces de liquides inflammables ou de résidus d’explosifs. Des spécialistes en imagerie, qui s’occupent d’extraire des images pour en améliorer la qualité. Des spécialistes en odontologie légale qui identifient la victime grâce à ses dents.

Qu’il s’agisse d’un heureux hasard ou d’une vocation datant parfois de l’enfance, les hommes et les femmes qui travaillent au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal sont unanimes : c’est un honneur que de faire partie de l’équipe ! Tous ont la piqure pour ces métiers hors du commun, ces métiers qui vous font sortir du lot lors d’un 5 à 7 entres amis ou d’un souper avec de nouvelles têtes. C’est un plaisir de répondre à la question « et toi c’est quoi ta job ? ».

Alors c’est décidé ? Vous changez de métier ? 

Marion Spee
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Spécialiste des manchots dans une autre vie, Marion est aujourd'hui journaliste scientifique. Elle travaille notamment avec Curium, Science & vie, Québec Science, Le Monde. Recherchiste pour des émissions de télévisions (Electrons Libres), elle tient aussi une chronique d'actualité des sciences dans l'émission l'oeuf ou la poule, sur choq.ca (la radio web de l'UQAM).