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Innocenté grâce à la science: le cas Simon Marshall

17 mai 2017 | Marion Spee

Allo ? J’appelle pour vous dire que l’ADN de l’agresseur ne correspond pas à celle du suspect

Vous êtes sûre parce qu’on est en plein procès !!

Voilà à peu près la teneur de la discussion surréaliste qui a eu lieu un jour de janvier 2004, entre la biologiste du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal et un enquêteur de l’affaire Simon Marshall.

L’homme d’une trentaine d’année, déficient mental, avait avoué son implication dans plusieurs cas d’agressions sexuelles. Il avait déjà purgé 5 ans de prison pour des faits similaires... En 2003, il est renvoyé en prison, pour les mêmes raisons. Sauf que cette fois, le procès a pris une tournure digne d’un film hollywoodien. Et la honte a changé de camp.

C’était un autre temps les analyses d’ADN étaient moins répandues

Au labo, chaque biologiste se voit confier un dossier spécifique, et doit y chercher de l’ADN pour tenter de confondre ou d’innocenter celui ou celle que la justice pointe du doigt. Il dispose pour ça d’une « trousse agression sexuelle », une sorte de boite de prélèvement standardisée dans laquelle on peut trouver un écouvillon vaginal, un rinçage buccal, les sous-vêtements de la victime ou encore de la literie. En plus, un formulaire détaille les faits et les contacts éventuels entre l’agresseur et sa victime. De quoi aiguiller la recherche du précieux profil génétique

Dans l’affaire Simon Marshall, on a trouvé de l’ADN masculin, provenant de sperme

L’ironie dans l’histoire, c’est que la biologiste en charge du dossier ne savait pas que le procès était en cours quand elle a appelé l’enquêteur. Que ce serait-il passé si elle avait attendu ? On n’ose pas se poser la question, quand on connait la lourdeur des procédures d’appels. Est-ce que Simon Marshall serait resté en prison pour le reste de sa vie ? Heureusement ce jour là, il avait une bonne étoile.

Évidemment, le procès a basculé. La cour doit en effet faire la preuve hors de tout doute raisonnable que le suspect est coupable. Et dans ce cas… le doute était bel et bien là. Véritable coup de théâtre.

Aujourd’hui ça n’arriverait plus Un seul dossier pourrait théoriquement être traité en 5 jours Mais on a 5 000 dossiers par an environ, ce qui fait 20 000-25 000 échantillons à traiter !

L’ADN ça fait peur, mais le plus souvent elle innocente !

Marion Spee
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Spécialiste des manchots dans une autre vie, Marion est aujourd'hui journaliste scientifique. Elle travaille notamment avec Curium, Science & vie, Québec Science, Le Monde. Recherchiste pour des émissions de télévisions (Electrons Libres), elle tient aussi une chronique d'actualité des sciences dans l'émission l'oeuf ou la poule, sur choq.ca (la radio web de l'UQAM).