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J’ai besoin de soins là, maintenant

15 décembre 2019 | Science centre team

La plupart des problèmes de santé mentale, malheureusement assez répandus dans la population, surviennent pendant la jeunesse. S’ils sont pris en charge très tôt, ces problèmes sont pour la plupart temporaires ou peuvent être gérés de manière à ne pas nuire à d’autres aspects de la vie tels que l’éducation, l’emploi, les relations. Le docteur Ashok Malla, chercheur principal désigné d’ACCESS Esprits Ouverts (ACCESS Eo), a observé plus d’un cas où un individu avait différé un rendez-vous avec un professionnel. Pour lui, les systèmes de soins ne parviennent pas à fournir les services requis pour les jeunes, ce qui les expose à de nombreuses conséquences négatives des problèmes de santé mentale, allant de fonctionnement atténué à un risque de suicide plus élevé.

C’est le cas de Charles-Albert Morin, maintenant membre du Conseil jeunesse national d’ACCESS Esprits Ouverts, atteint d’un trouble mental. Ce dernier a en quelque sorte attendu que la maison soit en feu pour s’ouvrir et aller chercher de l’aide : « J’avais tout gardé en moi parce que je n’arrivais pas à combattre l’idée qu’en ayant recours aux services d’un psychologue, j’étais un vrai déséquilibré. Les problèmes de la vie, on en parle avec ses proches, on parvient à les régler. Il n’y a que les cas lourds qui ont besoin de l’aide d’un professionnel ». 

À quoi ressemble le quotidien d’une personne qui a besoin de soin rapidement?

Pour Charles-Albert, les difficultés ont atteint un sommet au moment d’entrer à l’université, période où il allait être plongé dans l’anxiété du lever au coucher au cours des trois prochains mois, une épreuve d’une intensité qu’il ne croyait pas possible : « J’avais passé les 6 derniers mois à ruminer les mêmes pensées en boucle. Les premiers nuages avant le torrent. Les préoccupations qui me traversaient l’esprit de manière passagère au cours de ma dernière année au cégep s’étaient graduellement installées et ne montraient aucun signe de départ. Des sillons s’étaient creusés dans mes neurones. Tout ce que je voyais et ce que j’entendais me ramenait à mon mal-être. »

Bien qu’on lui eût dit ad nauseam qu’au début de la vingtaine, on se cherche, que l’on ne sait pas qui l’on est, jamais il n’aurait pensé que cela se manifesterait de façon aussi littérale : « On me demandait mon avis et je figeais, comme face à une question dans un jeu-questionnaire dont j’ignore la réponse. Aussi bien à propos d’un enjeu de société qu’à propos de l’idée d’aller voir un film au cinéma. J’avais besoin de soins là, maintenant. Il aurait été impensable pour moi de prendre un numéro et d’attendre mon tour dans une file interminable ».

Un psychiatre, en l’occurrence le docteur Malla, lui dirait plus tard que la maladie mentale, c’est comme un nuage d’abeilles qui te tournent constamment autour de la tête. « Il devait y avoir au moins trois nids à mes trousses », se rappelle Charles-Albert Morin.

Qui sont les jeunes à risque?

Le docteur Malla précise que le terme « jeune » peut inclure des adolescents et des jeunes adultes âgés de 12 à 30 ans. Pour lui, cette tranche d’âge est un pilier de notre société et de son avenir : « Nous avons donc le devoir commun d’assurer leur santé et leur bien-être. Comme l’a si bien décrit Charles-Albert Morin, la jeunesse est une période d’exploration de soi, mais aussi excitant que cela puisse paraître, c’est aussi à cette même période que la plupart des problèmes de santé mentale surviennent pour former de sombres nuages autour de leurs têtes ». C’est pourquoi selon lui, il faut éviter que des jeunes et leurs familles languissent dans l’incertitude et la souffrance que la maladie mentale peut engendrer en offrant de l’aide au bon moment, au bon endroit et de la bonne manière.

Pour ce faire, le docteur Malla adhère pleinement aux valeurs essentielles ACCESS Esprits ouverts, qui cherche à transformer les services de santé mentale pour les jeunes afin de leur fournir les soins dont ils ont besoin :

- identification précoce des problèmes de santé mentale;
accès rapide aux soins;
suppression de la transition arbitraire à 18 ans vers des services pour adultes;
implication directe des jeunes et leurs familles dans la conception et la prestation des soins;
utilisation d’interventions adaptées aux jeunes et fondées sur des données probantes.
« Des états comparables à celui de Charles-Albert Morin, nous en traitons chaque jour, trop tard! », affirme le docteur Malla.

Le potentiel de changement, avec une intervention en amont, là, maintenant, est le souhait qu’il formule, et ce , dans les meilleurs délais.

Équipe du Centre des Sciences
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