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Portrait de femme de science : Marie-Jean Meurs, Ph.D., une femme dans le monde de l’intelligence artificielle

31 janvier 2020 | Marion Spee

« C’est une question que je ne me suis jamais posée, assure Marie-Jean Meurs, à propos du fait d’être une femme et se lancer dans une carrière scientifique. Je n’ai jamais composé avec ça pour choisir mon parcours… Ce qui ne veut pas dire que ça a toujours été agréable d’être dans un environnement presque exclusivement masculin. Mais je ne l’ai pas pris en compte ».

Hésitant entre les mathématiques et la médecine, c’est finalement vers les mathématiques qu’elle s’est tournée, pour finalement obtenir un doctorat en informatique, un domaine dans lequel les filles sont aujourd’hui très minoritaires. Pourtant ça n’a pas toujours été le cas! Selon ses collègues plus âgées, au début des années 80, les cohortes à l’université étaient équilibrées en termes de nombres d’hommes et de femmes. Mais quand l’informatique et le traitement de données sont devenus des domaines dans lesquels on pouvait obtenir une reconnaissance, une vraie progression sociale, des postes très bien payés… les choses ont changé et le nombre de femmes a petit à petit diminué. « Ce n’est pas possible qu’il y ait si peu de filles dans nos domaines, réagit Marie-Jean Meurs. Il faut que l’équilibre se rétablisse ».

La multitude de disciplines qui utilisent l’informatique aujourd’hui pourrait peut-être aider à rétablir cet équilibre, notamment dans le monde de l’intelligence artificielle (IA). Marie-Jean Meurs en a fait son domaine d’étude, depuis ses débuts. Elle est aujourd’hui professeure au Département d’informatique de la Faculté des sciences de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). En 2017, avec ses collègues Hugo Cyr, juriste, et Sébastien Gambs, informaticien, elle fonde « LegalIA », un groupe de travail qui s’intéresse au respect de la liberté et au droit en général dans le cadre du développement de l’IA. « C’est Luc-Alain Giraldeau, doyen de la Fac des sciences, qui nous a mis en contact tous les trois parce qu’il connaissait nos intérêts communs, précise Marie-Jean Meurs. Ça nous a bien aidé parce que l’université est comme une grosse ruche qui abrite des tas de projets passionnants mais où on ne sait pas toujours ce que font les collègues des autres disciplines. ».

Les aspects humanistes de l’IA étant essentiels pour Marie-Jean et ses collègues, elle a ensuite fondé HumanIA. Ce groupe de travail multidisciplinaire sur l’IA comprend de nombreuses petites équipes de chercheuses et chercheurs de l’UQAM, des autres universités du Québec, et aussi à l’international. « On essaie de faire en sorte que les membres puissent se rencontrer pour solliciter des initiatives, des collaborations autour de projets où l’IA est étudiée ou utilisée pour le bien commun», explique la professeure.

Par exemple, elle travaille en ce moment sur le projet RELAI qui explore l’usage de l’IA en santé mentale. Plus précisément, l’idée est de rapprocher les personnes ayant des problèmes de santé mentale des professionnels pouvant les aider et de soutenir les médecins avec de l’aide au diagnostic. Comment? En analysant par exemple le comportement des personnes sur les médias sociaux grâce à des outils basés sur l’IA. « Pour ce projet, on est une équipe hautement multidisciplinaire, explique Marie-Jean Meurs. On rassemble des chercheuses et chercheurs en informatique, en philosophie, en droit, en communication, en psychiatrie, etc. ».

Pour Marie-Jean Meurs, la multidisciplinarité est un aspect essentiel du monde de l’intelligence artificielle. Cette multidisciplinarité apporte de la diversité qui, pour la professeure, est extrêmement bénéfique. « Quand j’observe nos étudiantes et étudiants, je me rends compte que les échanges sont toujours beaucoup plus riches et stimulants quand les groupes sont hétérogènes, que ce soit en termes de genre, d’appartenance culturelle ou de disciplines de recherche », remarque-t-elle. Les idées échangées sont plus originales. Le groupe est stimulé par les différences, est plus créatif. Les solutions imaginées sont plus riches et plus inclusives.

Embarquez les filles, venez partager votre créativité !

Le 9 février prochain, le Centre des sciences de Montréal et l’UQAM vous invitent à l’événement Femmes et filles de science. Plus d’une vingtaine d’organisations et d’institutions seront rassemblées en l’honneur de la Journée internationale des femmes et des filles de science des Nations Unies, dans le but de maintenir et mousser l’intérêt des filles pour la science et la technologie.

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Marion Spee
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Spécialiste des manchots dans une autre vie, Marion est aujourd'hui journaliste scientifique. Elle travaille notamment avec Curium, Science & vie, Québec Science, Le Monde. Recherchiste pour des émissions de télévisions (Electrons Libres), elle tient aussi une chronique d'actualité des sciences dans l'émission l'oeuf ou la poule, sur choq.ca (la radio web de l'UQAM).