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Chasseurs de dinosaures : récits d’un été dans les Badlands

2 septembre 2025 | Aline Zimmerma…

Rêves-tu de voyages, d’aventures et de découvertes ? Si les films comme Indiana Jones ou Le Parc jurassique t’ont donné le gout d’être explorateur ou exploratrice, tu t’es sans doute déjà demandé à quoi ressemble VRAIMENT le quotidien d’un ou d’une scientifique sur le terrain. 

Oublie le fouet et les dinosaures ramenés à la vie ! Pour découvrir la réalité d’une expédition scientifique, nous avons discuté avec les étudiants et étudiantes du laboratoire de Hans Larsson, professeur et chercheur en paléontologie à l’Université McGill et collaborateur de l’exposition T. rex : le prédateur suprême. Attache ta ceinture, car leurs récits sont tout aussi captivants ! 

 

Quand les paléontologues enterrent leurs propres découvertes 

Des journées entières sous un soleil de plomb dans un paysage désertique digne d’une autre planète. Chaque coup de pelle, chaque couche de terre retournée pourrait révéler un trésor vieux de 75 millions d’années… ou rien du tout. C’est le quotidien du travail de terrain en paléontologie dans les Badlands de l’Alberta, un mélange d’espoir, de patience et de travail acharné. 

Cette année, alors que l’expédition touchait à sa fin, la persévérance a payé. L’équipe de Hans Larsson a fait une découverte exceptionnelle : le squelette d’un Gorgosaurus juvénile, un cousin du T. rex. Les spécimens juvéniles comme celui-ci sont extrêmement rares à trouver, car leurs os, plus petits et délicats, se conservent difficilement.  

La trouvaille était si précieuse et si tardive que l’équipe a dû agir vite. Après avoir dégagé quelques côtes et des morceaux de crâne, ils ont pris une décision surprenante : recouvrir le site de terre pour le faire paraitre intact. Une ruse essentielle pour protéger ce trésor des pilleurs de fossiles jusqu’à la prochaine saison de fouilles. L’équipe travaille tout de même sur un territoire protégé par la loi, mais mieux vaut ne prendre aucun risque. C’est ça, la chasse au trésor des temps modernes ! 

Tentes
Tentes au campement lors du travail de terrain dans le Dinosaur Provincial Park, Alberta. Crédit photo : Elizabeth Lee-Wong 

 

Ce n’est pas la destination qui fait l’aventure, mais le chemin qui y mène 

Toutes les trouvailles ne sont pas des squelettes complets. Parfois, l’aventure réside dans l’effort lui-même. Mac Devereux, un étudiant en biologie, en sait quelque chose. Excité, il a déterré ce qu’il croyait être un os de pied d’un tyrannosaure. Le ramener au camp fut une épopée : le plâtre de protection refusait de sécher, et Mac a dû transporter son « bébé » de plusieurs kilos en glissant sur les fesses le long d’un canyon. 

Le verdict, une fois de retour au camp ? Une omoplate de cératopsien (un dinosaure à cornes commun), trop banale et abimée pour être conservée. Elle a fini… au compost ! Loin d’être déçu, Mac a adoré la lutte. Sa leçon : « Ça rend les vraies bonnes découvertes encore plus excitantes ».   

Alexandre Demers-Potvin, chercheur postdoctoral et fort de ses sept ans d’expérience sur le terrain, a déterré avec l’équipe de 2023 un crâne presque complet de cératopsien, un autre dinosaure à cornes. Cette découverte rare pourrait représenter une nouvelle espèce, et ce, dans une région qui a été fouillée pendant plus d’un siècle ! Pour le transporter, il a fallu que quatre personnes portent la roche sur une civière, sur plusieurs kilomètres de pentes abruptes, et sous une chaleur cuisante atteignant parfois 35 degrés ! André Mueller, un étudiant à la maîtrise dans le labo Larsson, mène désormais la description de ce remarquable spécimen. 

Dinosaures
À gauche, Mac sur le terrain. Crédit photo : Azure Dumas Pilon. À droite, le mystérieux crâne de cératopsien déterré par Alexandre Demers-Potvin : on y voit les deux orbites autour de ses yeux, ainsi que la base de la corne sur son museau. 

 

Le travail de paléontologue demande aussi une patience d’ange. Chloe Rollins, étudiante en biologie évolutive, a passé des heures à gratter délicatement des traces de dinosaures avec une simple cuillère et un petit couteau, afin de ne pas les endommager. Le moment magique ? Quand la dernière poussière a été balayée, révélant les empreintes de pas d’animaux disparus, comme une photo d’un instant figé dans le temps. 

Dinosaures
À gauche, Chloe avec ses jambes pleines de boue, contente de son travail. Crédit photo : Andrew Kemp. À droite, les traces de dinosaures que Chloe essayait de déterrer. Crédit photo : Chloe Rollins

 

Bimbus : la tortue vedette 

Et puis, il y a les découvertes qui changent une carrière. Gabrielle Bonin, future doctorante, a eu la chance de travailler sur Bimbus, la tortue la plus complète jamais trouvée au Canada, et peut-être même en Amérique du Nord ! La plupart des fossiles de tortues sont retrouvés sans leur tête ou leur cou. Mais Bimbus est entière, comme si elle s’était simplement endormie pour une très longue sieste. Ce fossile exceptionnel a inspiré Gabrielle à étudier, dans le cadre de son doctorat, le rôle des tortues dans l’écosystème de la fin du Crétacé en Amérique du Nord. 

 

Dinosaures
À gauche, Gabrielle, Hoai-Nam Bui et Hans Larsson déterrent sur la tortue Bimbus. À droite, la célèbre tortue dans toute sa splendeur. Crédits photos : Alexandre Demers-Potvin 

 

La vie de camp : entre boue, moustiques et aurores boréales 

Mais la paléontologie, c’est bien plus que des fossiles. C’est aussi une aventure humaine. Le travail physique est intense, la chaleur écrasante, et les moustiques sont voraces. Et quand il pleut ? Le sol argileux, le mudstone, se transforme en une mélasse glissante et collante. Marcher devient une épreuve d’équilibre, et ramper à quatre pattes dans la boue n’est pas rare. 

Pourtant, c’est dans ces défis que nait une camaraderie incroyable. L’équipe est un mélange éclectique d’étudiants en biologie, mais aussi en droit, en musique ou en commerce. Le soir, autour du feu, les conversations vont de la musique baroque aux sciences, et mènent parfois à des matchs d’Ultimate Frisbee endiablés ! Et quand la nuit tombe, le spectacle est à couper le souffle : un ciel rempli d’étoiles, parfois même traversé par des aurores boréales. 

Dinosaures
Souper communautaire au campement. Crédit photo : Laurence Pibarot 

 

L’aventure t’attend au Centre des sciences! 

Chaque ossement, qu’il finisse au musée ou au compost, raconte une histoire de passion, de persévérance et du travail d’équipe. Ces récits mettent en évidence le caractère profondément humain de la science. Pour lire plus d’histoires comme celles-ci, suivez le compte du laboratoire de Hans Larsson sur les réseaux sociaux : @dino.logue 

Maintenant, c’est à ton tour de vivre une partie de cette aventure! Le Centre des sciences de Montréal t’invite à découvrir le travail de ces experts. Viens visiter notre exposition T. rex : le prédateur suprême et admirer les fossiles que Hans Larsson et le Musée Redpath nous ont généreusement prêtés. 

Et pour encore plus de mordant, n’oublie pas de prendre le combo avec le film IMAX® T.REX 3D et suivre l’histoire d’une autre découverte paléontologique dans les Badlands de Hell Creek. 

Qui sait, peut-être que la chasse aux fossiles est ta véritable vocation ? 

Aline Zimmermann Maya Simoes
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Aline est chargée à la recherche et vulgarisation au Centre des Sciences. Elle est passionnée par les sciences, les musées et les expériences interactives géniales (et aussi les chauves-souris et les araignées!).