À quoi ressemblait vraiment le roi des dinosaures? Partie I
Nous connaissons bien l’image du Tyrannosaurus rex se tenant debout comme un kangourou géant, sa queue trainant derrière lui, rugissant avec ses grosses dents tout exposées. Eh bien, c’est fini ça ! La science donne à notre bienaimé roi des dinosaures une toute nouvelle allure ! Le T. rex, tel que nous l’imaginons aujourd’hui, ressemble moins à celui que les scientifiques imaginaient il y a plus de cent ans. Grâce aux nouvelles découvertes paléontologiques et au travail astucieux des chercheurs — et malgré ce que nous présente Hollywood — nous avons maintenant une meilleure idée d’à quoi le T. rex aurait pu ressembler.

Pour y voir plus clair, nous avons discuté avec le paléontologue canadien Thomas Cullen. Il est titulaire d’un doctorat en écologie et en évolution et professeur adjoint et conservateur à l’université d’Auburn (dans l’Alabama). Il nous explique que les connaissances sur le T. rex évoluent constamment. Alors, que nous dit la science sur l’allure de ce roi tyran ?
Nouvelle allure, nouvelle posture
Le changement le plus visible, c’est sa posture. Pendant longtemps, à cause des premiers squelettes exposés dans les musées et des dessins d’artistes comme Charles Knight, on imaginait le T. rex très droit, presque assis sur sa queue. Comme l’explique Thomas Cullen : « Ils avaient l’habitude de le représenter debout comme un kangourou. Maintenant, on le voit plus à l’horizontale, avec son centre de masse autour de ses hanches et sa queue faisant le contrepoids avec l’avant de son corps. »

En étudiant mieux ses os, les scientifiques ont compris que sa posture était en fait bien plus horizontale. Sa queue massive lui servait de balancier pour contrebalancer le poids de son énorme tête. Cette position est beaucoup plus logique pour un chasseur aussi actif et rapide. Autrefois, on voyait les dinosaures comme d’immenses bêtes qui se déplaçaient lentement. On pense maintenant qu’ils étaient probablement beaucoup plus agiles.
Plumé ou écaillé ?
Alors, le roi des dinosaures avait-il des plumes ? Les scientifiques se grattent encore la tête sur cette question. Pour les grands tyrannosaures comme le T. rex, le Gorgosaurus ou l’Albertosaurus, Thomas Cullen est clair, il n’y a pas de preuve directe : « Nous n’avons que des empreintes de peau, affichant une sorte de texture écailleuse et bosselée. Nous n’avons pour le moment aucune trace de plumes. »
Pourtant, l’idée n’est pas farfelue. On sait que beaucoup de dinosaures avaient des plumes, surtout ceux qui sont les ancêtres des oiseaux (comme les tyrannosaures !). On a même retrouvé des fossiles de ses cousins plus petits qui étaient recouverts de plumes spectaculaires. Alors pourquoi pas lui ? Malheureusement, « il n’y a aucune preuve, ni dans un sens ni dans l’autre », explique Thomas Cullen.
Alors, comment résoudre cette énigme de plume dans notre quête à découvrir la réelle apparence du roi de lézards tyrans ? On ne sait pas trop, admettent les scientifiques. Certains, comme le paléontologue et le paléoartiste Mark P. Witton, suggèrent que le T. rex avait un plumage très clairsemé, un peu comme les poils d’un éléphant. Ou encore, il perdait ses plumes en devenant adulte, ou peut-être, il n’en avait pas du tout. Selon Witton : « Ces plumes, s’il y en avait, n’étaient pas réparties partout sur son corps. Et compte tenu de sa taille, et le fait qu’il vivait dans des climats chauds, qu’il ait eu beaucoup de plumes me semble moins probable. Les plumes sont très isolantes ; je pense que T. rex s’en serait mieux sorti avec un minimum de plumes ».
Bébé tout doux deviendra adulte tout rugueux
L’une des théories les plus populaires est que les bébés T. rex naissaient avec un duvet de plumes, comme des poussins, et le perdaient en grandissant pour laisser place à une peau écailleuse. Biologiquement, c’est possible, car les plumes sont en fait des écailles modifiées. Mais cette transition entre les plumes et les écailles demeure un mystère.

Selon le Dr Alexandre Demers-Potvin, chercheur postdoctoral à l’Université McGill : » Il est possible que certains signaux [biologiques] mènent à la croissance de plumes chez T. rex à un très jeune âge, puis que ces signaux changent à mesure qu’il grandit pour que les plumes tombent et soient remplacées par des écailles. Ces signaux peuvent varier à travers toute la surface du corps, ce qui explique pourquoi les oiseaux ont des plumes sur les bras ou le ventre, mais des écailles sur les pieds. » Le seul problème, c’est qu’aucun animal vivant aujourd’hui ne passe des plumes aux écailles de cette façon.
Le T. rex : une image en construction
Avec toutes ces questions sans réponse claire, on comprend mieux pourquoi les T. rex des musées et des dessins sont parfois si différents les uns des autres.
Le dinosaure « Sue » qu’on retrouve au Field Museum de Chicago est présenté sans plumes, mais le musée convient qu’ils auraient pu en avoir. Le modèle adulte appartenant au Musée américain d’histoire naturelle, qu’on retrouve actuellement au Centre des sciences de Montréal, est présenté avec quelques protoplumes ressemblant un peu à des cheveux, principalement sur le dessus de sa tête et de son dos, tandis que leur jeune T. rex est entièrement recouvert de plumes.
C’est la preuve que la science ne s’arrête jamais et que notre vision des dinosaures continue d’évoluer avec chaque nouvelle découverte !

On a découvert de gros changements dans la posture du T. rex et on en a appris davantage sur la grande question des plumes, mais il reste encore bien des secrets à explorer sur sa véritable apparence! Prépare-toi à découvrir d'autres détails fascinants sur le roi des dinosaures. Reste à l'affût pour la partie II de « À quoi ressemblait vraiment le roi des dinosaures ? » !
Et pour en apprendre plus sur le T. rex et voir le T. rex « chevelue », l’une des représentations les plus scientifiquement à jour du roi des dinos, rends-toi dans notre exposition vedette T. rex : Le prédateur suprême ! Et pour encore plus de mordant, n’oublie pas de prendre le combo avec le film IMAX® T.REX 3D !
Pour aller plus loin :
Pourquoi les dinosaures de « Jurassic Park » sont de moins en moins réalistes