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Des opossums au Québec!

15 mars 2023 | Elisabeth Guil…

Quel est cet animal un peu mignon-moche qui se balade près de chez vous et que vous ne reconnaissez pas? Il a la fourrure grise, les oreilles et les pattes noires, les doigts roses et un visage pointu et blanc. Quoiqu’il leur ressemble un peu, ce n’est ni un rat ni un raton laveur… Eh bien, ce n’est nul autre qu’un opossum de Virginie! On peut entendre la question quitter vos lèvres : « Il y a des opossums au Québec? ». La confusion est compréhensible, car rencontrer ces petits animaux dans la Belle Province n’était pas si commun il y a de cela à peine vingt ans. Pourtant, il faudra s’attendre à en rencontrer de plus en plus au cours des prochaines années principalement, vous l’aurez deviné, en raison des changements climatiques. Décortiquons un peu la situation.
 

opossum dans neige

 

Un marsupial nord-américain

Tout d’abord, l’opossum de Virginie (Didelphis virginiana) est l’unique espèce de marsupial retrouvée au nord du Mexique. Un marsupial est un mammifère dont les petits demeurent dans une « poche » située sur le ventre de la femelle après être venus au monde. Les marsupiaux, c’est le groupe auquel appartiennent les kangourous! Dans le cas des opossums, les petits restent bien au chaud dans la poche de leur mère entre 50 et 65 jours avant de commencer à en sortir. Après tout, quand ils viennent au monde, les bébés ne mesurent en moyenne que... 14 mm! Il faudra attendre l’âge de quinze semaines avant qu’ils puissent survivre par eux-mêmes. 
Les opossums sont des animaux solitaires que l’on retrouve souvent à proximité de points d’eau, tels que des étangs ou des marais, et ils se nourrissent de manière opportuniste. Ils mangent de tout, un peu comme des ratons laveurs. Par contre, contrairement aux bandits des poubelles, ce sont de petits peureux. Lorsqu’ils deviennent trop stressés, ils feignent la mort.

 

opossum quebec


Où trouve-t-on des opossums en Amérique du Nord?

Les opossums tolèrent mal le froid et vivent bien dans les milieux plus chauds. C’est pourquoi l’étendue des populations d’opossums allait auparavant du Mexique et de certaines régions de l’Amérique centrale jusqu’à la limite entre les États-Unis et le Canada. Cependant, les changements climatiques font en sorte que les températures moyennes enregistrées au Québec, comme ailleurs au Canada, sont en hausse. La même tendance peut être observée dans les régions les plus au sud où les opossums vivent. Si cela perdure, ces lieux risquent de devenir trop chauds pour que les opossums puissent continuer à y vivre. 
Cette situation rend donc notre province progressivement plus hospitalière pour les opossums, qui migrent de plus en plus vers le nord. Dans quelles régions du Québec avez-vous le plus de chance de les apercevoir? Pour l’instant, on les retrouve surtout sur la Rive-Sud de Montréal et en Montérégie. Les premières observations de cette espèce sur notre territoire remontent à 1976, mais des populations locales sont bien établies et en expansion depuis 2000. On en a même aperçu à proximité de Trois-Rivières en 2017.

 

opossum quebec

 

Que faire si vous rencontrez un opossum?

Lors d’une rencontre avec un opossum, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’un animal sauvage. Donc, comme avec un écureuil, un renard ou un putois, il ne faut pas essayer de le toucher ni de l’attraper. L’idéal est de simplement le laisser tranquille! Et si vous laissez de la nourriture à l’extérieur pour un animal de compagnie, il est nécessaire de la rentrer à l’intérieur la nuit, histoire d’éviter qu’un opossum vienne se goinfrer sur votre balcon.


L’opossum, barrière ou vecteur de maladies?

Il existe quelques mythes au sujet de ces marsupiaux. L’un d’eux est la croyance que les opossums permettent de contrôler la répartition de la maladie de Lyme, une maladie neurodégénérative transmise par les tiques. Il est vrai que les opossums supportent mal la présence de parasites dans leur fourrure. Ce sont des animaux faisant régulièrement leur toilette, ce qui les amène à se débarrasser de la plupart des tiques s’attachant à leur peau. Mais ce comportement n’est pas infaillible et ne permet pas de contrôler les mouvements des tiques au point d’endiguer la maladie de Lyme de manière efficace. Tenter d’attirer un opossum à demeurer près de votre domicile dans l’espoir de garder les tiques à distance ne donnera pas le résultat escompté et est déconseillé.

Vous avez entendu dire qu’une morsure d’opossum peut transmettre la rage? Bien qu’ils ne soient pas impossibles, les cas de rage sont rares chez cette espèce et encore plus rares au Québec. Si, toutefois, vous êtes la victime peu chanceuse d’une morsure de ce marsupial, il est important de la rapporter aux services de santé!
Malgré ces mises en garde, les opossums sont des animaux plutôt timides et inoffensifs, donc si vous en apercevez un dans les environs, n’ayez crainte! Admirez leur binette blanche de loin et ne touchez… qu’avec vos yeux!

 

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Sources

  • Deb, J. C., Forbes, G., & MacLean, D. A. (2020). Modelling the spatial distribution of selected North American woodland mammals under future climate scenarios. Mammal Review, 50(4), 440‑452. https://doi.org/10.1111/mam.12210
  • Gouvernement du Québec. (2021). Opossum d’Amérique et maladie de Lyme : Mythe et réalité. Gouvernement du Québec. https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/opossum-amerique-maladie-lyme-mythe-realite
  • Kimmett, C. (2015). The Critters In Your Backyard Aren’t Who They Used To Be. HuffPost. https://www.huffpost.com/archive/ca/entry/climate-change-animals_n_8565458
  • MacLellan, A. (2022, avril 16). More opossums popping up on Montreal’s South Shore | CBC News. CBC. https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/opossums-quebec-1.6419823
  • McManus, J. J. (1974). Didelphis virginiana. Mammalian Species, 40, 1‑6. https://doi.org/10.2307/3503783
  • McRuer, D. L., & Jones, K. D. (2009). Behavioral and Nutritional Aspects of the Virginian Opossum (Didelphis virginiana). Veterinary Clinics of North America: Exotic Animal Practice, 12(2), 217‑236. https://doi.org/10.1016/j.cvex.2009.01.007
  • Walsh, L. L., & Tucker, P. K. (2018). Contemporary range expansion of the Virginia opossum ( Didelphis virginiana ) impacted by humans and snow cover. Canadian Journal of Zoology, 96(2), 107‑115. https://doi.org/10.1139/cjz-2017-0071
  • Williams, C. M., Henry, H. A. L., & Sinclair, B. J. (2015). Cold truths : How winter drives responses of terrestrial organisms to climate change. Biological Reviews, 90(1), 214‑235. https://doi.org/10.1111/brv.12105
     
Elisabeth Guillet-Beaulieu
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Elisabeth Guillet-Beaulieu s’est jointe à l’équipe du Centre des Sciences de Montréal en décembre 2022. Cette férue d’environnement et de nature – mais aussi d’éducation scientifique – y occupe présentement le poste de chargée de recherche et de vulgarisation. Outre ses intérêts pour la biologie, elle possède aussi un amour profond de l’astronomie, de la chimie et des jeux vidéo. Elisabeth est titulaire d’un baccalauréat en sciences biologiques et d’une maîtrise en environnement et développement durable.