Mais où sont les animaux du Québec l'hiver?
Durant l’hiver, les animaux font face à deux défis: le froid et le manque de nourriture. Pour y remédier, ils ont développé des stratégies dont certaines sont assez incroyables comme se transformer en glaçon, papillonner sur des milliers de kilomètres ou encore vivre au ralenti! Découvrez quelques-unes des stratégies hivernales mises en place par les animaux québécois.
Se transformer en glaçon pour passer la saison
La grenouille des bois gèle de la tête aux pattes pour passer l’hiver. Transformée en glaçon, elle n’a plus aucune activité cardiaque ni respiratoire. Mais dès le retour du printemps, elle dégèle et reprend vie. Son secret : injecter ses cellules de glucose, un épais antigel naturel. Les cellules ainsi protégées ne gèlent pas lorsque les températures chutent. C’est l’eau qui entoure les cellules qui gèle. D'après une étude publiée en 2013 dans the Journal of Experimental Biology, la principale zone de stockage du glycogène est son foie. Mais son urine est tout aussi importante. En 2018, des chercheurs américains ont démontré que la grenouille des bois cesse d’uriner à l’approche de l’hiver pour stocker un autre puissant antigel, l’urée. Formée dans le foie à partir de l’ammoniac (toxique), l’urée (atoxique) est, en d’autres circonstances, éliminée dans les urines par les reins.

Voler sur des milliers de kilomètres pour éviter le gel
Les papillons monarques fuient l’hiver québécois en battant des ailes sur environ 4000 km. Direction : le Mexique! Mais contrairement aux Québécois qui partent pour les plages et la chaleur mexicaine, les monarques cherchent la fraîcheur des montagnes du centre du Mexique. Dans cette zone, la température oscille entre 1 et 6°C, soit assez chaud pour éviter le gel, mais assez froid pour leur permettre de vivre (ou plutôt de dormir) jusqu’au printemps. C’est la diapause, une sorte de dormance qui leur permet d’économiser leur énergie et allonger leur durée de vie. Mais depuis une quinzaine d’années, dû aux changements climatiques, les colonies de monarques hivernant au Mexique sont en déclin. Certains monarques québécois écourteraient même leur migration pour s’arrêter dans le sud de la Floride, selon une étude publiée dans Animal migration en 2018.
Passer en mode cocon en attendant le printemps
Alors que certains insectes fuient le froid québécois, la majorité des insectes échappent à la rigueur du climat en se cachant sous les écorces des arbres, sous terre ou dans nos maisons. Contrairement aux monarques qui entrent en diapause sous forme adulte, certains insectes entrent en diapause sous forme d’œuf, de larve - protégée parfois par un cocon - ou de nymphe. Par exemple, certaines sauterelles se reproduisent juste avant de mourir l’hiver et c’est leurs œufs recouverts d’une capsule protectrice qui perpétuent l’espèce à leur éclosion au printemps.
Vivre au ralenti pour économiser ses forces
Certains mammifères, comme les marmottes et les mouffettes, hibernent. Plongés dans une sorte de sommeil profond, ils survivent grâce à leurs réserves de graisse. Pour économiser cette précieuse ressource énergétique, ils ralentissent leur température corporelle, leur respiration et leur rythme cardiaque. Par exemple, le tamia rayé peut passer de 37°C à 4°C et de 350 battements de cœur la minute à... quatre!
Contrairement à la croyance populaire, l’ours hiverne! De la même manière que les hibernants, il ralentit sa respiration, son rythme cardiaque et sa température, mais celle-ci ne baisse que de quelques degrés. Son cerveau reste par ailleurs actif. Heureusement d’ailleurs puisque les femelles mettent bas en janvier ou février.

Anecdote - L’ours peut passer tout l’hiver sans aller aux toilettes!
Durant l’hiver, un bouchon de crotte et de poils se forme à l’extrémité de l’intestin des ours. Ce bouchon fécal protégerait le système digestif endormi de l’ours des bactéries extérieures. En ce qui concerne les résidus issus de la métabolisation des réserves de graisse, ils sont recyclés!
Mais certains animaux passent l’hiver avec nous!
Certains animaux, comme les renards ou les loups dont la dense fourrure les protège du froid, trouvent assez de proies l’hiver au Québec. Ils passent la saison à nos côtés, tout comme les orignaux, les cerfs de virginie, les chouettes, etc. C’est aussi le cas des opportunistes qui visitent nos mangeoires (ex. la mésange à tête noire, le cardinal, le geai bleu) ou des prévoyants qui cachent leurs trésors (ex. l’écureuil roux, le castor).
Finalement, pas besoin d’attendre le printemps pour observer des animaux du Québec!
Que pouvons-faire pour aider les animaux en hiver ?
- Leur préparer des refuges (ex. nettoyer les nichoirs, créer un tas de branches au fond du jardin, installer un hôtel à insectes)
- Planter des végétaux dont les fruits persistent l’hiver (ex. houx)
- Bien garnir les mangeoires de nos jardins
- Et ne pas les déranger inutilement!