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Pour une cuisine plus verte

7 février 2023 | Elisabeth Guil…

On en entend parler maintes et maintes fois : il est important de prendre des initiatives pour réduire notre empreinte écologique. Et plusieurs conseils gravitent autour de la cuisine. Qu’il s’agisse de faire du compost, de recycler, de réduire le gaspillage alimentaire ou d’acheter en vrac, les bons conseils abondent sur les médias de tout acabit pour rendre nos activités culinaires plus durables. Toutefois, les connaissances et les technologies continuent d’évoluer, et de nouveaux trucs et astuces se popularisent. Que diriez-vous de mieux les connaître?

​​Bien choisir ses aliments

 

aliments

 

Comme vous pourrez l'apprendre dans notre exposition vedette Notre quête climatique, avec un simulateur de boîte à lunch, tous les aliments n’ont pas la même empreinte écologique. L’espace occupé, l’eau consommée et le CO2 relâché varient selon le type de nourriture. Alors, comment bien choisir ce que l’on met dans son assiette pour qu’elle soit plus verte?

Règle générale, les produits animaliers, comme la viande ou le fromage, ont une empreinte écologique beaucoup plus prononcée que les végétaux. À titre d’exemple, une seule portion de bœuf requiert un espace d’environ 159 m2 ainsi que 490 litres d’eau, tout en relâchant 7,17 kg de CO2 dans l’atmosphère. En comparaison, une portion de tofu requiert un peu moins de 3 m2, 57 litres d’eau et sa production ne relâche que 0,14 kg de CO2 dans l’atmosphère. Réduire sa consommation de viande est donc bon pour l’environnement, ainsi que pour la minimisation de votre empreinte écologique!

Mais même parmi les produits végétaux, certains sont plus exigeants que d’autres en termes de ressources. Le maïs, par exemple, a besoin de beaucoup d’espace pour être cultivé. Une seule portion nécessite une parcelle de 0,62 m2. Les amandes, quant à elles, ont besoin d’énormément d’eau. On estime qu’une seule amande de Californie nécessite environ 12 litres d’eau lors de sa production. 

Il est donc suggéré de choisir des végétaux qui ont besoin de moins d’espace et d’eau, tels que les tomates, les pommes de terre ou les pommes. Les champignons sont aussi une très bonne option. Et l’idéal est de choisir des produits locaux, car moins de chemin est parcouru entre la ferme et l’assiette, moins de CO2 est relâché dans l’atmosphère!

 

 

Germinations et micropousses

 

micropousse

Vous souhaitez ajouter un peu de nouveauté à faible coût – et écolo – à votre menu? Essayez de faire des micropousses ou de la germination! D’abord, quelle est la différence entre les deux? Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de faire pousser des végétaux et de les récolter à un stade très jeune. Les micropousses doivent être faites en plantant des graines dans un terreau, alors que les germinations n’en ont pas besoin. Seule de l’eau est utilisée pour un trempage initial de cinq à douze heures (selon le type de plante) et des rinçages quotidiens par la suite sur deux à dix jours. De plus, les micropousses sont récoltées à un stade plus avancé que les germinations. 

Résultat? De la verdure au goût concentré et revigorant, à très faible empreinte carbone. Et le tout est simple à faire pour un petit coût et peu d’espace. Pour les germinations, vous n’avez besoin que d’un contenant, idéalement un pot Mason, de graines et d’eau. Pour les micropousses, toutefois, il faut un contenant rempli de terreau. Bien évidemment, peu importe le mode de croissance choisi, il faut se procurer des graines, biologiques de préférence. Celles-ci peuvent être trouvées en ligne, dans des magasins de jardinage ou encore dans des épiceries en vrac.

Intéressés? Voici un mode d’emploi bien pratique pour essayer ce type de culture et éveiller le jardinier en vous : https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/agriculture/agriculture-urbaine/quoi-planter/pousses-germinations

 

L’entomophagie

 

entomophagie

Une recommandation fréquente pour prendre soin tant de l’environnement que de sa santé est de réduire sa consommation de viande – particulièrement en ce qui a trait à la viande rouge. Mais que faire pour remplacer ces protéines? Croyez-le ou non, il est possible d’y remédier avec l’introduction d’une source insolite : la consommation d’insectes, soit l’entomophagie!

Ces petites bêtes sont non seulement riches en protéines, mais elles contiennent aussi de l’oméga‑3 et de l’oméga‑6, des vitamines, des fibres et des minéraux, tels que du fer et du calcium. Et au-delà de leurs contenus nutritifs, l’élevage de masse d’insectes est aussi beaucoup moins polluant que le bétail classique. Il faut, à parts égales, environ 2 000 fois moins d’eau pour élever des insectes comparativement à du bétail classique. De plus, les insectes émettent relativement peu de gaz à effet de serre au cours de leur vie et requièrent beaucoup moins d’espace. Pour vous faire une idée, 70% des terres à usage agricole sont dédiées à l’élevage de bétail. 

Au Québec, le principal obstacle à l’entomophagie est de devoir surmonter un potentiel dégoût des insectes. Pour le reste, c’est assez facile! Plusieurs épiceries offrent désormais des produits à base d’insectes sur leurs étagères et les idées de cuisine abondent en ligne.

Envie d’oser une nouvelle diète? Nous vous invitons à consulter le répertoire de recettes offert par les Amis de l’Insectarium : https://www.amisinsectarium.com/l-insecte-comestible-entomophagie

 

Vermicompostage, même en intérieur!

 

vermicompostage

 

Le compost est une bonne façon de réduire et de valoriser les déchets organiques sortant de la cuisine. Il est toutefois habituellement effectué dehors, dans une cour arrière privée ou bien dans des jardins communautaires. Mais que faire si aucune surface extérieure n’est disponible? Eh bien, faire du compost à l’intérieur, c’est possible! 

Rappelons les principes du compostage : les déchets organiques sont dégradés par des détritivores, majoritairement des insectes, des vers et des microorganismes. Ce processus résulte en la formation d’un terreau organique humifié et riche en nutriments. Donc, faire la même chose, mais dans sa cuisine? Grâce au vermicompostage, soit du compost produit à l’aide de vers de terre. Eh oui! Il est facile d’élever des vers de terre chez soi, tant qu’on leur procure assez de nourriture ainsi qu’un milieu humide à la température constante et de faible luminosité.

Pour ce faire, vous aurez besoin d’un contenant, de terre, de restes de table et, bien entendu, de vers! Le contenant doit avoir des trous d’aération pour éviter la formation de moisissure. Au fond, installez votre terreau pour offrir à vos vers un habitat de départ. Par-dessus, ajoutez vos restes de tables végétaux – évitez les produits d’origine animale – et recouvrez le tout de morceaux de papier journal humidifiés. Enfin, rangez votre élevage dans une pièce sombre et fraîche.

Le tout devrait permettre à vos vers de travailler en toute sérénité et de vous procurer, en quelques mois, un compost riche idéal pour vos plantes d’intérieur ou tout autre projet pour pouces verts. 

 

Séparer le verre du reste du recyclage

 

verre

 

Il va sans dire que recycler est crucial pour réduire la quantité de déchets que l’on produit. Mais saviez-vous que l’ajout de verre dans vos bacs bleus peut potentiellement nuire à ces efforts? En effet, les bouteilles et contenants de verre ont tendance à se briser en petits morceaux dans les camions de transport. Par conséquent, ces fragments éparpillés se répandent et se coincent dans d’autres déchets. À l’inverse, les morceaux de verre peuvent aussi être contaminés par d’autres matières qui ne devraient pas se retrouver au recyclage. Dans tous les cas, cela les rend inutilisables. Les centres de tri se retrouvent obligés de diriger le tout vers les ordures. 

Doit-on donc en retenir qu’il faut envoyer directement vos produits faits de vitre aux poubelles? Pas du tout, au contraire! Pour aider à remédier à ce problème, outre en consommer moins, vous pouvez tout simplement les séparer du reste de votre bac et les apporter directement à la consigne ou à un écocentre. Et, si vous êtes à Montréal, il est aussi possible de les déposer dans des conteneurs conçus à cet effet dans le cadre d’un projet-pilote! L’un se trouve dans le stationnement de la SAQ de la rue du Marché-Central (Ahuntsic-Cartierville) et un autre se situe dans le stationnement de la Place Fleury, rues Fleury Est et Garnier (quartier Ahuntsic).

Toutefois, il est important de préciser que certains centres de tri n’ont pas ce problème. Il est cependant nécessaire de se renseigner au cas par cas avant de prendre une décision.

 

À la recherche d'actions concrètes pour devenir de véritables protecteurs de l’environnement? Ne ratez pas notre exposition vedette Notre quête climatique, jusqu'au 9 avril 2023!

 
Sources
Bourgault, C., & Marquis, M. (2019). Perception de l’entomophagie par les nutritionnistes du Québec. Nutrition Science en évolution: La revue de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec, 16(3), 20. https://doi.org/10.7202/1059218ar 
Fulton, J., Norton, M., & Shilling, F. (2019). Water-indexed benefits and impacts of California almonds. Ecological Indicators, 96, 711‑717. https://doi.org/10.1016/j.ecolind.2017.12.063
Gao, X., Yang, F., Yan, Z., Zhao, J., Li, S., Nghiem, L., Li, G., & Luo, W. (2022). Humification and maturation of kitchen waste during indoor composting by individual households. Science of The Total Environment, 814, 152509. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.152509
Gouvernement du Québec. (s. d.). Culture des pousses et germinations. Gouvernement du Québec. Consulté 24 janvier 2023, à l’adresse https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/agriculture/agriculture-urbaine/quoi-planter/pousses-germinations
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Ici, on récupère le verre | Ville de Montréal. (s. d.). Consulté 23 janvier 2023, à l’adresse https://montreal.ca/articles/ici-recupere-le-verre-7292
ICI.Radio-Canada.ca, Z. E.-. (s. d.). Le verre pose-t-il vraiment problème dans les centres de tri? Radio-Canada.ca; Radio-Canada.ca. Consulté 23 janvier 2023, à l’adresse https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1327967/verre-contamination-centres-de-tri-quebec-consigne-bouteilles-vin
Le verre, la bête noire du recyclage au Québec | Le Devoir. (s. d.). Consulté 23 janvier 2023, à l’adresse https://www.ledevoir.com/environnement/507237/le-verre-la-bete-noire-du-recyclage-au-quebec
L’insecte comestible | Les Amis de l’Insectarium de Montréal. (s. d.). Amis Insectarium Mtl. Consulté 23 janvier 2023, à l’adresse https://www.amisinsectarium.com/l-insecte-comestible-entomophagie
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Elisabeth Guillet-Beaulieu
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Elisabeth Guillet-Beaulieu s’est jointe à l’équipe du Centre des Sciences de Montréal en décembre 2022. Cette férue d’environnement et de nature – mais aussi d’éducation scientifique – y occupe présentement le poste de chargée de recherche et de vulgarisation. Outre ses intérêts pour la biologie, elle possède aussi un amour profond de l’astronomie, de la chimie et des jeux vidéo. Elisabeth est titulaire d’un baccalauréat en sciences biologiques et d’une maîtrise en environnement et développement durable.